Au commencement, pas grand chose en apparence. Une promesse, une graine, toute petite…
Trois livres formidables qui parlent de cette vie infime qui trouve son chemin dans les profondeurs de la terre avant de s’épanouir avec vigueur au soleil. Un tournesol, un chêne, une forêt toute entière…Peu importe la taille, tous ont un rôle à jouer dans le grand théâtre du vivant !
Des lectures foisonnantes, réjouissantes, émouvantes pour s’émerveiller du cycle de la nature et prendre le temps de regarder les arbres pousser.

– Dix petites graines : Un fabuleux ouvrage de l’autrice américaine Ruth Brown, à la fois livre à compter et petit traité de germination. Un doigt enfantin qui enfonce les graines dans le sol et les propulse dans l’histoire parfois hasardeuse et tortueuse de la vie. Elles s’accrochent ces petites graines, mais des obstacles se dressent page après page sur le chemin vers la maturité. Un pigeon et une limace affamés, un chat gratteur, une balle lancée… Parmi les dix petites graines, seule une deviendra pousse, puis plant, puis beau tournesol… Et voici de nouveau dix graines à planter ! Le récit limpide du cycle de vie d’une plante, parfaitement dépeint par les illustrations minutieuses, esprit planche naturaliste, et pleines de charme de Ruth Brown.
– Grand Chêne : Vie et mort d’un petit gland devenu Grand Chêne. Et quelle vie ! Au fil des années qui deviennent bientôt des siècles, il va en voir passer des ciels différents et des générations d’occupants. De ses racines à sa cime, Grand Chêne est un refuge pour des dizaines d’espèces, comme un immense bateau qui traverse les saisons. Ce très bel album sait décrire et parler de la biodiversité d’une façon joyeuse et pleine de fantaisie. Dans cette drôle de maison, on vole, on grimpe, on glisse, on creuse, on dort, on mange, on construit, on discute… Mais on joue aussi aux cartes et on prend le thé ! Les illustrations colorées d’Héloïse Solt, fourmillantes de détails et d’animaux rigolos, sont un régal à observer. Elles accompagnent à merveille le texte poétique en vers libres de Danièle Ohnheiser, qui raconte avec simplicité ce qui bruisse entre les branches et le temps qui passe inexorablement. Après cette longue vie bien remplie, Grand Chêne et ses vieilles racines sont emportés par la tempête de trop. Un au revoir émouvant pour ses derniers habitants et pour les petits lecteur·ices. Mais pas un adieu, non… Derrière lui, Grand Chêne laisse une nouvelle promesse de vie : un gland dont on sait maintenant que lui aussi deviendra grand.
– L’homme qui plantait des arbres : Un récit magnifique qui gonfle le coeur et (re)donne foi en l’humanité, intemporel et universel, à l’image de son personnage principal. Cette nouvelle écrite en 1953 par Jean Giono est à mettre entre toutes les mains et dans toutes les oreilles dès 8-9 ans. Pour ma part, je l’ai découverte à l’adolescence et je la relis toujours avec autant de bonheur et de plaisir. Quel texte en effet ! Dès les premières lignes, nous randonnons aux côtés du narrateur dans un territoire dur et venteux de « landes monotones » des Alpes de Haute-Provence. Un coin isolé, où les âmes humaines qui se comptent sur les doigts d’une main luttent pour une maigre subsistance. Parmi ces rares habitants, un berger solitaire et taciturne : Elzéard Bouffier. C’est lui le coeur vivant de cette histoire, un personnage extraordinaire à la volonté inébranlable. Seul sur ces hauteurs nues, il plante des glands. Le jeune narrateur, étonné par cette drôle de lubie, s’en retourne chez lui et oublie pendant quelques années ce berger semeur. La Première guerre mondiale et son lot de destructions passent et c’est quelques années plus tard que notre conteur se souvient d’Elzéard. Lorsqu’il le retrouve, l’homme n’est plus seul. Sourd à la fureur et au bruit des hommes, il a continué inlassablement à planter et une forêt a commencé à sortir de terre. Plus une année ne passera alors sans qu’une visite à Elzéard et à son oeuvre ne soit rendue. Nous assisterons à travers les yeux du narrateur au formidable spectacle de l’évolution de cette forêt et du retour progressif de la vie dans un territoire autrefois voué au néant. Cette fable écologique et humaniste aux accents réalistes est un trésor littéraire aux multiples facettes : un baume, une ode à la biodiversité, une célébration de la vie et un message d’espoir. Pour prolonger la joie de cette lecture, on peut aussi regarder le superbe film d’animation de 1987 adapté du livre par l’illustrateur Frédéric Back et narré par la voix puissante de Philippe Noiret (c’est dispo gratuitement sur une certaine plateforme ;-).


Les références de ces belles lectures à faire pousser chez les jeunes lecteur·ices :
– Dix petites graines, Ruth Brown, Âge : 3+, Pages : 20, ISBN : 9782070545216, Publication : 2001 – 13,50 €, Gallimard jeunesse
– Grand Chêne, Danièle Ohnheiser et Héloïse Solt, Âge : 3+, Pages : 32, ISBN : 9782324033896, Publication : Octobre 2023- 14,95 €, Éditions Gründ
Pour L’homme qui plantait des arbres, il existe une foultitude d’éditions. Mais le texte est surtout libre de droit et se trouve très facilement sur la toile (Jean Giono a renoncé à ses droits d’auteur afin de permettre la diffusion la plus large possible de son oeuvre : « C’est un des textes dont je suis le plus fier. Il ne me rapporte pas un centime et c’est pourquoi il accomplit ce pour quoi il a été écrit » <3).
Je propose quand même la référence de cette édition parce que j’aime beaucoup les illustrations de Joëlle Jolivet et qu’il s’agit d’un bel écrin pour ce texte :
– L’homme qui plantait des arbres, Jean Giono, illustré par Joëlle Jolivet, Âge : 8+, Pages : 40, ISBN : 9782070627769, Publication : 2010 – 16,50 €, Gallimard jeunesse
